L'utilité du grit insoluble

C'est un fait bien connu que les poules en liberté ont l'habitude d'avaler, avec les graines qu'elles rencontrent au sol, de petites pierres que l'on retrouve ensuite dans leur gésier. Cette habitude, cependant, n'est pas particulière aux poules domestiques : c'est ainsi que la poule d'eau partcourt parfois de grandes distances à la recherche de graviers.

Nous désignerons sous le nom de GRIT l'ensemble de ces petites pierres ou de ces graviers. On en retrouve 8 à 9 grammes dans le gésier du poulet de 10 semaines. On s'est demandé longtemps qu'elles étaient les raisons de ce fait. Bien des observateurs ont pensé, tour à tour, à la précipitation excessive des poules qui picorent, à une dépravation du goût, à une attirance vers tout ce qui brille, ou bien à une alimentation insuffisante.

En réalité, cette habitude répond à un besoin physiologique provenant de l'absence bien connue de dentition. Le grit a précisément pour but de combler cette lacune puisque, par sa présence, il rend possible le broyage et la trituration complète des aliments ingérés. Ceux-ci, en effet, s'accumulent dans le jabot où ils sont soumis à un ramollissement sous l'action des sucs digestifs particulièrement efficaces chez les oiseaux. Puis, descendant dans l'oesophage, les aliments passent dans le ventricule succenturié, parviennent dans le gésier où ils sont triturés. Le grit joue alors son rôle mécanique qui consiste à broyer les parties restées dures ( il y en a toujours, même dans une ration composée de farines moulues) et à déchirer les enveloppes résistantes des graines.

C'est pourquoi, la nature et les propriétés du grit absorbé sont très importantes. Des études ont montré que le grit formé de grains de granit calibrés en raison de ses caractéristiques mécaniques et physiques était le meilleur. Personne n'ignore, en effet, la dureté extrême de certains granits et de leur très grande résistance aux acides (ils sont notamment insolubles dans la solution à 3% d'acide chlorhydrique que l'on trouve trouve dans l'appareil digestif des oiseaux). Il faut signaler, à ce sujet, que l'utilisation de pierres calcaires est totalement à proscrire. En effet, le calcaire est très facilement attaqué par les acides et principalement par la solution d'acide chlorhydrique citée plus haut. L'équilibre phospho-calcique d'une ration alimentaire normalement composée est alors détruit, ce qui ne se produit pas avec le grit insoluble.

Par ailleurs, le grit ne peut être vraiment efficace, pour le broyage des aliments, que s'il présente le plus grand nombre possible d'aspérités, c'est-à-dire en d'autres termes, une multitude de surfaces de broyage, de manière à permettre un mélange intime des sucs digestifs avec les très fines particules obtenues par l'action conjugée du grit, du jabot et du gésier. L'étude des différentes roches montre que seul le granit en raison de sa structure cristalline et de sa texture grenue répond le mieux au but visé. Cependant, l'action mécanique du grit n'est pas seule à retenir. En effet, la plupart des indigestions alimentaires proviennent d'un colmatage et d'un empâtement de l'oesophage et du jabot. Ces troubes digestifs sont plus fréquents chez les oiseaux privés de grit en raison de leur gésier beaucoup moins développé. C'est particulièremnet le cas des élevages en claustration.

Des observations comparatives ont montré que les volailles recevant du grit calibré dès le plus jeune âge (2 ou 3 jours après la naissance) possédaient un gésier convenablement développé atteignant un volume double de celui des volailles élevées sans grit. Dès lors, la circulation des aliments dans le tube digestif n'est plus entravée et, de ce fait, l'assimilation s'effectue rapidement.